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 [CLIFFAÏS] My ghost

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Elizabeth Sawyer
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Elizabeth Sawyer


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MessageSujet: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyDim 4 Oct - 22:40


-{ ANAÏS }-

Un jour ils ont trouvé sa mère, dans la cale d’un bateau de pèche à la fin du printemps, des larves au coin des paupières. Un cadavre quoi. Morte d’une overdose. Ferme les yeux, Cliff. Il voit la mer en bleu, le ciel en bleu, le sable en vert se refléter à travers de vieilles lunettes, celles de son père et, son sourire frôle les verres. Son île. Un instant il quitte Mt. Juliet, un instant il revient à elle. A ouvrir les yeux c’est une pluie finie qui assombrit les pavés de la rue empêtrée de corps gesticulant à toute vitesse pour attraper le prochain taxi. Il ne reconnaît personne, il lève les yeux sur les jolies filles c’est tout. Ses doigts touchent au fond des poches de son jean, ses ongles agrippent les coutures, entraînés par le manque d’oxygène qui le prend aux poumons et, très vite, cet élan de sincérité: il va mal. Presque comique, ça vous tombe contre le visage, en pluie éparse, comme ça de nulle-part. Il a fait un constat. Comme tous les humains, il mourrait. Dans son rôle de héros dramatique, il aurait pu hausser les épaules ou regarder de l’autre côté de la grande avenue, au carrefour, en espérant qu’un ange lui tombe dans les bras, un ange, de préférence bien foutu. - Ce n’est pas très utile, en ce moment, il se tape Hannah Bowman, la fille d’un fonctionnaire émérite. Elle se couvre les mains de bagues et souvent, griffe sa figure avec ses trois carats à l’index.
Depuis on lui demande s’il a un chat et tristement, il a l’air de dire, “non, je n’ai pas de chat.”

Dans la vie de Cliff, il semblait y avoir trois extrêmes: son silence chronique, ses regards langoureux et Anaïs Cunningham. Elle l’avait sorti d’un bar plus qu’il n’avait mis de filles dans son lit, ce qui étrangement, dans son incapacité à la survie en société, la rapprochait du rang d’amie. Mais Anaïs Cunningham n’était pas une femme, non. Les femmes, Cliff couchait avec.
Il s’était perdu, au bas de l’immeuble de Hannah Bowman, pour la faire descendre (en robe de chambre) et lui annoncer que c’était fini. Elle l’avait giflé. Une bonne chose de faite, couplée avec; acheter deux ananas et une bouteille de lait. Après son passage à la supérette, on en venait à se demander si ce garçon, vingt ans à tout casser avec sa démarche nonchalante, occupé à se trimballer dans les rues à sept heures du soir venait réellement d’apprendre qu’il était atteint d’une maladie génétique rare. Celle de sa mère, le cadavre.

Il avait enterré beaucoup de choses, surtout dans sa tête, et plus tôt, à l’âge de neuf ans, sa mère. Les femmes fanaient comme des fleurs, les hommes pourrissaient. A neuf ans, on a une vision poétique de tout ça. S’il ne se jeta pas devant un camion ce soir-là, en revanche, en montant les marches dans un des complexes du quartier résidentiel de Hove Path, Cliff se posa deux questions, et celles-ci motivèrent son imagination jusqu’à ce qu’il pénètre dans son appartement.

De l’entrée, il entendit deux voix. Il retira ses chaussures, d’un mouvement adroit des deux pieds et les poussa contre le mur. Derrière ces deux voix, il reconnaissait le son acide de la télévision, et les rires d’une sitcom à dix saisons. Cliff s’approcha, et des baisers éclataient contre une nuque. Disons qu’il avait l’oreille fine, pour ça.

Dans quel cercueil vont-ils me foutre?

Il se glissa dans la cuisine, sortit une bière du frigo, y déposa un billet de un dollar et quitta la pièce, s’appuyant contre l’encadrement de la porte, à voir deux têtes dépasser du canapé.
Anaïs aussi, ramenait des corps dans son lit, mais pour leur faire l’amour, eux n’étaient pas malades. (Ce n’était pas de l’auto-apitoiement, juste Cliff, étant Cliff.)

Est-ce-que je le dis à Anaïs?
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Andrew P. Cunningham
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyDim 4 Oct - 22:43


Il y a le bruit des gouttes qui viennent agresser les carreaux fragiles, ça résonne dans tout l'appartement comme des graviers volants, s'écrasant contre les murs en papier. Elle se souvient des orages sur l'île, ils étaient monstrueux, s'abattaient violemment sur le toit et pourtant elle trouvait ça reposant, la mer qui s'agitait comme dans une bouteille qu'on secoue, les plages vides et les palmiers dansants. Maintenant  et avec le peu de vent qu'il y a, elle a peur de voir leur quatre-pièces s'envoler avec les sachets de fast food vides qu'on avait jeté sur les trottoirs des grandes rues. On entend la ville respirer, les mouvements précipités des voitures, les klaxons, le bourdonnement des voix sous l'averse. Ça fait trois ans qu'elle a quitté son quartier tranquille pour le deuxième étage d'un petit immeuble qu'ils partagent avec Mme Morrison, le cliché de la vieille femme mal entendante qui cuisine pour dix alors qu'elle partage son appartement avec trois chats seulement ; elle vient souvent toquer à leur porte, à la main quelques tupperwares qu'elle a rempli de lasagnes végétariennes et empilés dans un sachet plastique. Elle dit toujours que les jeunes gens comme eux doivent "grandir et prendre des forces", et à chaque fois Anaïs essaie de lui expliquer qu'elle ne grandirait plus, et que Cliff garderait à jamais sa frêle silhouette. Mais Mme Morrison, elle a perdu son mari et ses gosses l'ont oubliée, ça a l'air de lui faire plaisir alors ils acceptent à chaque fois.

Elle était rentrée tôt, aujourd'hui. Non pas qu'elle avait prévu de voir Josh planté devant sa porte, le regard baissé sur l'écran de son téléphone qu'il tapotait frénétiquement tandis que le sien vibrait au fond de la poche de son sweatshirt trop grand ; non si elle s'était attendue à le voir elle n'aurait pas choisi ledit sweatshirt, une antiquité aux couleurs délavées qu'elle avait volé à son frère cinq ans auparavant. Enfin, il avait fini par lever la tête et elle l'avait fait entrer. Josh, c'est un peu le stéréotype de l'ancien membre de l'équipe de football du lycée qui comptait se lancer dans une carrière de sportif professionnel, mais qu'on retrouve quelques années plus tard, les muscles en moins et la tenue rouge en plus derrière sa porte alors qu'on a commandé une pizza. C'est comme ça qu'elle l'a rencontré, un samedi soir où Mme Morrison ne semblait pas d'humeur à partager sa quiche lorraine, elle avait commandé une pizza aux anchois et une heure plus tard il était là à lui demander sept dollars pour une pizza sans les anchois.  

Depuis elle a décidé de ne plus commander là bas, mais lui il est gentil alors elle s'est dit pourquoi pas. Même si à côté de ses 1m85, Anaïs fait encore plus petite qu'elle ne l'est déjà.

Il pleut toujours. Le bruit des gouttes contre les vitres du salon est couvert par les voix exagérées de la série qu'elle a mise par défaut, à cette heure il n'y a pas grand chose d'intéressant. Alors on s'occupe comme on peut, après tout il n'est pas venu pour écouter Anaïs se plaindre de son prof de droit. Il l'a éventuellement interrompue en pleine phrase pour l'embrasser et elle s'est dit qu'elle aurait vraiment dû prendre un peu plus de temps pour se préparer ce matin, au lieu de prendre les premières affaires qui lui sont tombées sous la main. Enfin, c'est trop tard maintenant, et puis de toute façon elle se fiche de ce qu'il va dire quand il verra l'inscription 'always horny 4 that d***' sur la culotte qu'on avait cru bon de lui offrir pour son vingtième anniversaire. Et maintenant qu'elle passe sa main dans ses mèches courtes et qu'il dépose baiser après baiser le long de son cou, elle voit quelque chose bouger à sa gauche. Cliff ! Anaïs ne remarque pas l'absence de la bouche de son petit ami contre sa peau ni le soupir qu'il ne prend pas la peine de cacher — elle remarque les doigts légèrement crispés contre la bouteille de bière, le regard un peu triste mais surtout lassé signé Cliff Sawyer qui se pose sur elle, sur Josh, sur elle. Alors ?

Elle sait qu'il n'aime pas les médecins, Cliff.


Dernière édition par Andrew P. Cunningham le Dim 11 Oct - 9:04, édité 1 fois
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Elizabeth Sawyer
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyDim 4 Oct - 22:45

A-t-il souri un jour. Il a l’air du gosse élevé aux films d’horreur par un oncle fêtard, vous voyez. Ou alors celui qu’est moins sorti que sa sœur, qu’a ce teint pâle qu’on détaille grain sur grain de beauté, des doigts d’artiste habitués à frotter les cordes d’une guitare. Mais la bière c’est mieux, la bière, ça réchauffe la gorge, il aime ça. Il aime mieux ça que sourire. Cliff Sawyer foutait toujours tout en l’air. Il suffisait de le regarder une seconde, le voir se traîner juste au dessus des deux énergumènes affalées dans le canapé. Pas mal.

C’était allé pas mal. Il pouvait dire pas mal. Il avait commencé par se réveiller un bras sur la figure, il l’avait dégagé, parce que son téléphone sonnait, ou plutôt vibrait contre la lampe de chevet, c’était un rappel de rendez-vous. L’avantage de ne plus être sur une île c’est que vous aviez du réseau, l’inconvénient c’est que vous n’aviez pas d’excuse pour échapper à vos horaires fixes, surtout pas à votre médecin. Cliff Sawyer n’était pas quelqu’un de fixe. Il ne gardait pas une copine plus de cinq semaines, il ne buvait pas un ou deux verres mais quatre, pour revenir bourré et il changeait de boulot approximativement dès qu’il se fatiguait du précédent.

Cliff n’avait pas grandi. Il gardait cette mine désinvolte posée sur les dents étirées d’Anaïs, trouvait de belles tâches rouges allumées contre sa nuque, ne disait rien, sinon allait embrasser le goulot de sa bouteille. Elle perdrait vite son enthousiasme, il avait compris, il n’était pas né bon menteur, après tout. (Il regrettait qu’elle le connaisse si bien.) Josh t’as ramené de la pizza?

En fait, il aimait agacer les fauves, il préférait les lasagnes bio de la voisine, mais il ne se refusait pas, un petit regard en coin, pour le copain de la jeune femme. Ananas t’as enregistré l’épisode qu’on avait raté hier? Un fantôme se plaisait à inventer des fantômes, son fantôme du soir, c’était Josh, le livreur de pizzas.

Josh sentait fort le sexe.

Dans quel cercueil finirait-il?
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Andrew P. Cunningham
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyDim 4 Oct - 22:47


Josh avait fini par se redresser comme de toute manière elle ne le regardait plus. C'est pas avec une mine dépitée – mais presque qu'il se cale contre le dossier trop mou du canapé et tente de se concentrer sur les voix niaises des acteurs plutôt que sur celle du colocataire de sa petite amie. Colocataire qui a commencé à prendre beaucoup de place alors qu'ils étaient bien partis, tous les deux. Non, en réalité il a toujours pris beaucoup de place, et ça dès le premier jour. Vous savez ce qu'il y a de pire que le grand frère de votre copine ? Son meilleur ami, qu'elle connaît depuis trop longtemps pour qu'on n'en parle, et pour qui elle a littéralement décidé de traverser l'Atlantique, si vous voyez où je veux en venir.

Peut-être qu'il est légèrement bouffé par un sentiment de jalousie, mais là encore il n'y a rien d'étonnant, elle n'a pas l'air d'avoir remarqué son air irrité ni même le fait qu'il y avait à présent une distance entre eux que Cliff remplissait aisément avec sa présence ; il ne lui reste plus qu'une demi-heure avant que son patron, un petit italien, trop gros pour son tablier et à la voix portante, ne se mette à l'insulter dans sa langue natale ; et il comptait en profiter mais il faut croire qu'il se contentera du dix-neuvième épisode de la cinquième saison de la série ridicule qu'il connaît, de toute manière, sur le bout des doigts.

Cliff, c'est un peu ( beaucoup ) le gars solitaire avec qui on essaie de parler une, deux fois, mais pas trois, parce qu'en fait il en a rien à fiche du livreur de pizza et il n'est pas très doué pour jouer au plus sociable. Au final, ça ne le dérange pas parce que. La prochaine fois il l'inviterait chez lui.

Anaïs, elle s'est tournée vers le garçon, les coudes enfoncés dans le vieux cuir et ses cheveux avaient décidé de camoufler son cou sensible aux yeux fatigués du colocataire, il entame sa bouteille avec assez d'entrain pour qu'elle se dise que « pas mal » ne correspond pas réellement à ce qu'il s'est passé entre lui et son docteur. En fait il n'a jamais été très bon menteur, et elle se souvient que même quelques années plus tôt il n'avait pas réussi à lui cacher qu'il avait couché avec sa meilleure amie. Qu'est-ce qu'il a dit? Enfin, oui elle avait enregistré l'épisode raté et non Josh n'a pas ramené de la pizza. En fait, Josh a abandonné la sitcom débile pour l'écran de son portable et il n'a plus l'air de prêter attention à ce qu'il se passe autour de lui, elle le sent prêt à trouver la première excuse pour s'en aller. De toute évidence elle ne le retiendrait pas.

Peut-être que Josh est un peu énervé tout compte fait.
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Elizabeth Sawyer
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyDim 11 Oct - 0:20

Ils n'avaient sans doute jamais si bien représenté le terme "meilleur ami." Pour tout vous dire c'était une grosse arnaque en somme, qui impliquait de s'étrangler avec la mousse délicate d'une bière brassée trois fois et Cliff venait de s'en prendre plein la gueule.
Anaïs savait très bien installer cette ambiance du genre émission de divertissement pour grand public qui impliquait une série de questions de culture générale donnée au joueur d'une voix grave et solennelle. Concernant leur situation à eux, celle qui grimpait en tension dans le dos du petit ami, le regard d'Anaïs... ça ressemblait plus à: t'es qu'un crevard qui sait pas mentir. Et il n'avait pas vraiment détourné son attention d'elle sur le moment car tous les deux étaient doués pour se fixer intensément en silence de sorte qu'on oubliait Josh. Une seconde de plus et ses doigts glissaient symboliquement le long de la bouteille avant qu'il ne soupire, impuissant. Il n'était pas le type qu'on aimait bien parce qu'en général il savait si peu jouer des mensonges qu'il lâchait des vérités dures et banales sans se faire trop confiance. S'il devait mentir, alors c'était à moitié. Preuve qu'il avait déjà décidé et il comptait bien en parler à Ana après tout. Mais il sortit ce pourri sourire en coin. Pour gagner du temps disons car il tombait cheveu sur la soupe ce soir.

Et il était pas d'humeur, non il avait pas envie, il aurait voulu s'éclipser loin dans sa chambre, temple élaboré du sexe où il se repentirait de tous ses crimes une heure ou deux avant de se reprendre en mains, de se relever sans cette boule au ventre qui l'accable. Cliff est déçu. Déçu de réagir comme n'importe quel homme qui apprend qu'il va subir un peu plus dans sa vie que ce qu'on a l'habitude de vivre. Déçu de retrouver une si normale Ana, qui pourtant lui fait tant de bien les autres jours. Elle est si ordinaire qu'elle en devient géniale, mais il se dit que ce n'est pas le meilleur compliment à faire à Anaïs. Parfois il se souvient de ce que ça faisait que d'être un gosse pas trop alien, un gosse qui allait pas de travers, qui se souvenait pas avoir passé des nuits entières sous son lit, seul refuge ailleurs que les souvenirs qui l'assaillent. Et il ne rêvait pas alors d'être quelqu'un d'autre. Une espèce de voyou qui n'assume rien, qu'est peut-être une loque mais ira demander à personne.
Ouais il aimait ça aussi, se poser près d'elle, fumer sa clope, se calmer parce qu'il est fou. Jusqu'à il y a quelques temps elle avait su ne plus poser de questions.
Ensuite elle avait pris de la place. Cliff s'en remettait pas, parce qu'Anaïs et lui c'était vraiment quelque chose. Bien sûr ça servait à rien de le définir. Ils voulaient pas être les meilleurs amis du monde, Cliff aimait ça comme ça. Les journées avec Ana à se foutre dans un coin sans bouger, à s'éloigner des obsessions de tout le monde car ils ont les leurs et en sont bien heureux.

Y avait rien eu de si équilibré par le passé. Pas d'espoir que tout serait allé. Mais il y avait Ana dans sa vie, ça le rendait on ne peut plus humain. Loin de sa connerie impardonnable, loin de sa bouche qui souriait trop. Elle était stable. Foutrement stable. Il l'enviait.

Rien qui vaille le coup d'être mentionné.

Si à son âge on lui souhaitait une vie normale, il répondrait que le plus important serait qu'Ana aille bien. Il avait connu assez d'emmerdes en les lui cachant pour admettre qu'une de plus lui ferait pas de mal. Cette fille ferait des miracles, elle pourrait totalement changer le monde, même si ça voulait dire sans Cliff. Pour une étrange raison il réalisait qu'il était proche d'Anaïs au point de comprendre qu'elle faisait partie de sa vie. Alors sérieusement si pour une fois elle pouvait croire à ses mensonges débiles.
Il avait retiré sa veste avant de s'avancer et de poser un œil curieux entre ses cheveux et sa nuque, pour aller rejoindre Josh.
Petite soirée entre "amoureux" du "j'assume pas donc je fous la merde."

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Andrew P. Cunningham
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyDim 11 Oct - 23:50


On peut dire qu'Anaïs sait bien mentir. Elle a passé une grande partie de son enfance à subir ses parents mais surtout sa mère qui, frustrée de ne pas être parvenue à maîtriser un tant soit peu son fils aîné, avait décidé de redoubler d'efforts avec son second enfant, dans l'espoir que cette fois au moins, elle en ferait quelqu'un de bien. C'est plutôt injuste parce que derrière ses airs de pseudo-rebelle, son frère est l'une des personnes les plus gentilles qu'elle connaisse et contrairement à elle, Andrew a toujours eu des facilités en cours que lui même ne considérait pas vraiment. Mais Anaïs, elle n'a jamais eu d'heures de colles, ni de mot dans le carnet, et lors des réunions parents-professeurs, on ressortait le même discours chaque année : oui votre fille est une bonne élève, appliquée et efficace, non elle ne se fait pas trop remarquer, maintenant excusez nous mais les prochains sur la liste sont les parents du cancre de la classe alors vous comprenez, on n'a pas trop le temps là.

Mais bon, les gosses parfaits n'existent que dans l'imagination de madame Cunningham, et éventuellement les choses se sont corsées quand Anaïs s'est rendue compte que c'est pas super marrant de passer ses soirées sur des maths qu'elle comprendra pas de toute manière alors que ses potes ont l'air de bien s'amuser le samedi soir. Elle avait fini par se dire que lui mentir serait la meilleure solution, que ce soit pour l'une comme pour l'autre, et surtout pour l'autre qui semblait à bout de nerfs la plupart du temps à cause d'un certain éleveur de poule qui ne savait pas tenir en place.
Ce n'était rien d'exceptionnel, des petits mensonges qui faisaient plus de bien que de mal, ils semblaient préserver une espèce d'équilibre dans la famille Cunningham qui de base était déjà très fragile, enfin, ça n'avait pas duré longtemps car après quelques mois seulement, Anaïs était appuyée contre le plan de travail et annonçait à ses parents qu'elle s'en irait pour les Etats-Unis le mois prochain, en compagnie de son fidèle acolyte, Cliff Sawyer.
— Leur réaction, eh bien, elle semblait plutôt évidente.

Cliff, lui, n'a jamais été très bon menteur. Au contraire, et c'est terrible la façon dont il se fait avoir à chaque fois, ses yeux s'affolent de manière évidente, son nez se plisse légèrement et puis quand il passe ses doigts contre son menton elle se demande pourquoi il se donne tout ce mal alors qu'il est lui même conscient que ça ne marche pas. Oh. La première fois qu'elle a compris qu'il n'y arriverait jamais, c'est quand il lui a dit que tout allait bien alors que sa mère venait de mourir. Non, il n'a jamais été très bon menteur. Tant mieux alors. Anaïs se lève et tire un peu sur son sweatshirt pour le remettre en place, se tourne vers Josh. Tu ferais mieux d'y aller ou tu vas arriver en retard. C'est assez gênant parce qu'elle a l'impression de le jeter dehors et peut être que c'est ce qu'elle est en train de faire, mais son patron avait bien dit qu'il n'y aurait pas de prochaine fois, et elle sait très bien qu'il est lent, Josh, pourquoi à votre avis ne commande-t-elle plus de pizzas dans la petite restauration du coin ?

Ça n'a pas l'air de le réjouir, enfin, de toute évidence elle ne lui laisse pas le choix et elle lui prend le bras pour le guider vers la porte d'entrée. Anaïs peut se montrer délicate mais pas lorsque ses signaux d'alarme se sont enclenchés et Cliff est bien trop débile pour comprendre qu'il ne se débarrassera pas d'elle en essayant d'esquiver les sujets sensibles. Or, c'est d'une visite médicale qu'on parle et non de sa copine qui l'a plaqué avant qu'il n'ait pu le faire lui-même, alors oui elle a commencé à s'inquiéter quand sa bouche a dit « pas mal » alors que ses yeux disaient le contraire. Désolée pour tout ça, appelle moi quand t'as fini. Elle l'embrasse avant qu'il n'ait le temps de protester et la porte se referme aussitôt, et bien qu'elle se sent un peu mal de s'être débarrassée aussi ouvertement de son petit copain, ça ne la préoccupe pas plus que ça quand elle retourne dans le salon et se poste devant Cliff. Tu sais très bien que je vais pas te laisser tranquille tant que tu m'auras pas dit ce qu'il s'est passé.
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyJeu 15 Oct - 0:12

Qu’est-ce-que t’en as à foutre?

Un cercueil pour mettre son cadavre rabougri avec ses dents du bonheur et ses yeux bleus couverts de bleus, c’était pas plus joli dans sa tête que ce qu’il sort presque immédiatement à Anaïs. Pourquoi elle jouait le tigre soudain, pourquoi il se sentait en cage? Il était tranquille, en train de se demander si on allait taguer sa tombe, si on allait graver un truc super philosophique dessus. Et le reste c’était pas grave, c’était de l’arrière-plan. Non vraiment pourquoi fallait remuer les bras quand on parlait de maladie? Est-ce-qu’on en faisait tout un plat quand un nouveau-né était abandonné sur la banquette arrière, cuit comme un poulet rôti à la chaleur du soleil? Ouais c’était noté vite fait dans le journal, cité en faits divers à la télé, et puis ça passait crème. La mort ça passait crème.

Cliff il allait bien. Même si il a quitté son île pour vivre avec Anaïs, et aujourd’hui il se demande pourquoi ils ont eu besoin de se suivre, parce que vraiment tout ne fonctionne pas entre eux: la preuve, elle sort avec un livreur de pizzas. Il a rien contre les livreurs de pizzas c’est… c’est autre chose. Mais avec Anaïs, Cliff c’est toujours autre chose. Pour se rattraper il hausse les épaules et s’éloigne de l’entrée parce que ça devient lassant, mais il veut pas croiser le regard d’Ana parce qu’il vient de lui parler comme il l’aurait fait avec un de ses potes.
Il voudrait que ça aille dans ce sens, qu’il la voit encore comme un dude, comme un gars qu’on tape sur l’épaule quand il a raté sa partie de fifa, qu’on s’énerve pour rien parce que y a plus de beuh, ou qu’on se regarde de travers quand y a une position bizarre dans le porno que le ducon de service a rapporté.

Mais c’est différent, on dirait bien qu’Anaïs est encore là, elle s’est pas enfuie, elle c’est pas sa copine et elle dort pas dans son lit de cette façon. Parfois le matin il se demande ce qu’elle fout confondue à moitié avec le matelas, et puis il se souvient que c’est ce qu’ils ont toujours fait, que c’est normal, que c’est l’âge qui le rend trop libidineux avec les filles, pas assez comme il faut avec Ana, qu’il devrait se calmer sur la nicotine, parce que ça le rend vraiment chiant.
Il pourrait vous dire qu’il l’aime, Anaïs, s’il était de ces personnes qui disent aimer. Au lieu de ça, il lui demande ce qu’elle peut bien en avoir à foutre de sa vie et de sa mort, parce que c’est Cliff.
Parce qu’on dirait qu’aimer c’est trop, qu’aimer ça veut dire faire compter le délire tout entier, le “si tu t’arrêtes je meurs”, et je préfère qu’on soit amis, parce qu’on marche tellement bien comme ça. Toi et moi, les deux boulets de l’univers, et vous comprenez bien, c’est pas son truc.

Cliff ce fils de… ce fils de morte.
Il se demande si à ce stade il mérite un enterrement. Et puis bon ça fout pas du tout le seum, de se mettre à pleurer au milieu du salon. Encore une fois Cliff, t’es pas dans une série grave macho avec des mecs qui sont grave swag et qui chialent jamais. Ça devrait le rassurer que ses larmes coulent encore, que y a au moins une partie de son système qui marche encore. Il rigole, sur le coup, il rigole fort et puis il hausse les épaules, avant de tendre sa bière à Ana.
Dis Ana, tu l’aimes bien, Josh?
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Andrew P. Cunningham
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyVen 23 Oct - 0:51


On est tous uniques, même Josh le livreur de pizza est unique, mais jamais aussi unique que Cliff. Anaïs, elle a l'avantage non négligeable de le connaître depuis qu'il est môme, et parfois elle se dit qu'il n'a vraiment pas changé. Alors certes elle a haussé un sourcil plutôt dubitatif face à ses manières d'animal agressif sur le point d'être piqué, mais Cliff a toujours été quelqu'un d'affreusement calme et puis parfois, il n'y arrive plus. Pas à la manière de Hulk ou même de son frère Andrew ( qui n'a jamais été très calme tout compte fait ) mais il y a quelque chose de différent chez lui, en plus de son regard triste et de ses doigts plus fragiles. Assez différent pour qu'elle s'inquiète.

Quand ils étaient sur l'île, ils étaient proches sans trop l'être, et, bon, ils parlaient à peine. C'est compliqué de nourrir une relation avec seulement quelques soirées jeux-vidéo et des regards échangés rapidement dans les couloirs du collège puis du lycée et pourtant Anaïs avait décidé de le suivre aux Etats-Unis, abandonnant son île et sa famille et tout le reste. Ça n'avait pas été plus compliqué que ça, et puis les choses ont changé vous savez, aujourd'hui elle peut très certainement se permettre de dire que oui, elle connaît Cliff. Et là il y a quelque chose qui va de travers. Ce sont des petites habitudes auxquelles on croit ne pas faire attention, des gestes des paroles qui reviennent, sans totalement comprendre l'ensemble il y a tout de même une certaine logique derrière chaque personne et même quand il s'agit de lui.

Après la mort de sa mère, c'est là qu'il avait eu ce genre d'explosions de sentiments par petits bouts, qui avaient été assez effrayantes, c'est vrai ( ils n'étaient que deux gosses qu'on n'avait pas préparés à affronter cette tornade ) mais Anaïs avait appris à gérer les différentes facettes de Cliff même les plus brutales – et puis il ne lui a que demandé ce qu'elle en a à foutre.

C'est une question idiote. De toute manière, Cliff c'est Cliff et il a bougé, jusqu'au centre du salon, il s'est arrêté. Maintenant il pleure. C'est idiot ça aussi, il n'a plus pleuré depuis longtemps.
Il y a des choses qui ne changent pas avec le temps. Peut être que son visage s'est étiré et que sa mâchoire s'est durcie, peut-être qu'il a plus de trous dans les oreilles et les cheveux plus blancs, peut-être qu'il est un peu plus grand, un peu seulement. Ses yeux sont toujours aussi bleus et les larmes en coulent de la même façon qu'elles ont coulé des années auparavant. Et Anaïs est aussi triste que la dernière fois qu'il a pleuré.

Voilà, il lui tend sa bière et elle la prend sans réfléchir. Hum. Oui, il est gentil. C'est vrai ça, Josh est gentil. Un peu tête en l'air peut-être. On s'en fiche de Josh non ? Il est parti de toute manière, il est parti. Qu'est ce qu'il se passe Cliff.
Et à se souvenir des instants les plus graves restés sur l'île avec le reste de leur passé, Anaïs a toujours eu la même réaction quand il s'agissait de son meilleur ami perdu dans sa tristesse, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs, et elle a posé la bouteille sur la table basse à laquelle elle a failli se cogner en avançant vers Cliff. Sa main libre tire le garçon vers elle et elle le fait s'asseoir, puis s'installe à côté de lui et prend sa main. Pose la tête sur son épaule. Il a dit quoi, le médecin?
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyMer 4 Nov - 22:51

Vous savez c’est à ce moment là que la planète vous joue un sale tour et plante des spirales dans vos yeux avec cette puissance qui vous plaque sur le sol et vous êtes là, mais qu'est-ce-qu'il va s'passer ensuite? Est-ce-que j'vais survivre? Au lieu des gens vous voyez de grandes marées évacuer vos globes oculaires dans le plus grand des calmes. Cliff il est redescendu avec elle, cette enfant, cette gosse qu'il a emmenée avec lui. Il a oublié que lui aussi, c'est un gosse. C'est une petite chose planquée au creux d'une paume qu'est son épaule à la brune, gentille et tendre. Allez on s'lève les gens, c’est le bang-bang des nuits d’automne, quand Anaïs est pas encore fatiguée. Cliff il a tout de suite fermé sa gueule quand il a compris sa connerie, maladive qui voulait pas passer. C’était couplé aux jours où il se demandait ce qu’il foutait avec à peu près tout, pourquoi les filles dans son pieu comptaient si peu, quand Ana le rendait fou. Fou de plein de trucs, mais pas ce soir. Ce soir il est plein de haine, Cliff. Plein de haine contre sa planète Terre qui lui a dit merde: pas aujourd’hui Cliff j’en ai marre de ta sale gueule de gros salopard. Cliff bouge-toi le cul et fais-toi un monde qui fonctionne enfin, oui Cliff fais quelque chose. Alors comme s’il était gosse pour la deuxième fois il a pleuré.

Pleuré dans le meilleur des mondes qui laissaient Ross et Rachel à leur écran de télé minuscule, ça lui rappelait le soir assez pareil où sa sœur s’était salement ouvert les veines dans l’lavabo. La nuit dans sa tête Cliff, il veut pas s’rappeler de ça, ou de son petit corps de jeune fille devenue jeune femme qui s’avance, et quand sa gorge s’trouve contre elle, parce qu'elle est sage, c'est rien que de la proximité, c'est beau, c'est chaud comme les draps après que votre corps soit bien calé, alors il clamse et c’est l’enfer. C’est l’enfer son odeur, ses jolis grands yeux, sa voix douce comme dans les bons moments, c’est horrible. Il pourrait vivre ça plein de fois, il voudrait personne d’autre pour ça, pour faire un deal avec ses sentiments de merde. ET POURQUOI ON EN REVIENT TOUJOURS AU MÉDECIN ANA QU'EST-CE-QUE TU VEUX ANA. Cliff il arrête de faire sa mauviette, peut-être qu’il a compris que c’est lui qui devait être courageux ici, pas celle qu’a viré son mec pour une drama queen nommée Cliff Sawyer. Non c’est pas fini, maintenant faut qu’il réponde et qu’il se justifie: Anaïs tu mettrais quoi en haut de ma tombe?

Si ça se trouve une année de naissance, une année de mort et basta, on peut pas faire mieux pour toi mon garçon, mais tu le sais pas vrai? Tu le sais que c’est ton futur dans cette poubelle qu’est devenu ton univers bâclé Cliff, tu sais que y a plus d’espoir tellement c’est bouffé par les années, Cliff. T’aimerais revenir en arrière, quand tu te demandes le soir tard, ce que tu ferais sans elle? Pourquoi tu lui réponds pas mais tu lui donnes tes lèvres à la place, une demi putain de seconde qu’est une demi putain de seconde en trop, et tu planques dans ce bled qu’est ta tête, un labyrinthe de pensées et d’embrouilles dans lequel tu voudrais jamais la mener. Y a rien. Y a rien du tout Ana.

C’est que tu l’aimes, mais différemment encore, cette fille c’est la tienne et celle de personne d’autre, c’est ta gow ils disent dehors. Tu t'fais rire tout seul et tu lui dis: Ana tu l'aimes toujours? Pourquoi t’es une pute, Cliff Sawyer?
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyDim 22 Nov - 15:45


C'est les soirées d'automne où le jour survit un peu moins longtemps chaque fois, y'a encore un peu de lumière dehors, juste assez pour pas plonger dans la mélancolie habituelle qu'amènent les bières entamées et les couchers de soleil so tumblr. Allez ça commençait pas trop mal. C'est vrai qu'Anaïs n'a pas eu besoin d'une trop grande marge pour s'adapter aux changements qu'avait provoqué son « caprice d'adolescente irresponsable », si on peut citer Mme Cunningham. D'après elle, c'était se jeter dans la gueule du loup, aka la société américaine diabolique et avide de tous ces dollars dépensés dans des fast-foods tout aussi gras que la baraque à frites dans le centre-ville de l'île. Après tout, c'est bien connu, aller vivre aux Etats-Unis c'est signer pour des années de déception et quelques bourrelets en plus, enfin.

Il y a Cliff, et Cliff il rend le monde plus accessible à chaque fois, même quand il ramène une fille pour la nuit, même quand il boit pour oublier qu'il est triste, même quand il est juste là, et qu'elle le voit, et que c'est comme s'ils n'étaient jamais partis. Cliff il est rassurant, même s'il s'en rend pas compte, même s'il est pas rassuré, lui. Anaïs a toujours fait confiance à Cliff, même après qu'il ait couché avec son amie, parce que son amie, c'était une jolie fille avec un beau sourire et des fossettes pour creuser ses joues, c'est normal d'être attiré par les jolies filles. Parfois elle se souvient et ça la fait rire parce que, c'est pas grand-chose, ça, c'est une nuit passée au pieu à se toucher là où il faut pas, ces nuits là, il en a enchaînées combien depuis ? Ça l'rend pas heureux, mais ça l'rend pas triste non plus alors Cliff fais toi plaisir, je sais que j'te l'ai jamais dit mais je m'en fiche maintenant, je m'en fiche ça m'fait plus rien.
Est-ce que c'est pour ça qu'elle a quitté son île, y'a de ça trois ans ? Parce qu'avant, elle s'en fichait pas ? Sa mère, quand elle lui a dit, elle s'est énervée et elle a gueulé plein de choses, elle a dit « C'est encore ce Cliff c'est ça ? » « Tu vas tout laisser derrière toi pour aller faire ta vie à l'autre bout du monde, tout ça pour un garçon ? » « C'est pas réel, c'est ridicule. » et au final elle avait raison, c'est ridicule de faire ça, mais elle l'a fait quand même, et c'était pas pour lui, non c'était pour plein de choses mais pas que pour lui. Elle ne serait pas partie s'il n'y avait eu que Cliff dans sa tête.

Elle est partie et ils en sont là maintenant, trois ans plus tard, à parler dans le vide parce qu'aucun n'écoute vraiment, et c'est cette familiarité qui est rassurante, le fait qu'il soit là comme chaque soir et qu'elle avait tort parce que c'est très réel, tout ça. C'est tellement réel, même ses lèvres qui lui volent un peu de son souffle elles ont l'air réelles l'espace d'un instant, et c'est pas comme dans les bouquins, une explosion dans son ventre, dans sa tête, y'a pas d'papillons, y'a pas de battements dans son crâne. C'est Cliff qui l'embrasse, et elle devrait lui foutre une claque mais tout ce qu'elle fait, c'est lâcher sa main et suivre les veines éclatées dans ses yeux qui ont arrêté de pleurer. Il est gentil. Elle secoue la tête parce qu'il est vraiment débile ce gosse. Qu'est c'que tu fous ? C'est con, tout ça, t'es con Cliff mais qu'est c'que t'es con ma parole. T'as cassé avec Hannah c'est ça ?
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyMar 24 Nov - 23:27

La panique s’est tue, la fin d’un épisode marqué où les deux héros se sont volés quelque chose de pas très significatif parce qu’ils disaient chaque jour, à raison de s’aimer, ne pas s’aimer comme ça. Le bordel que c’est aujourd’hui que d’être humain, et d’avoir un minimum perdu la tête, et pour une fois se laisser aller à sa nature. Cliff n’était pas droit, et souvent sa mâchoire se tordait en un sourire affreux, qui donnait envie de le garder dans une boîte, de le rendre beaucoup plus beau. Mais on a pas de chance, on a que des tentatives, des bouts de phrases qui mentent à moitié, ces derniers temps.

Il ne peut pas être honnête, il ne peut pas dire - exactement qu’il va mourir - car il n’est pas sûr lui même du pire, aujourd’hui. Hannah, ou la maladie? C’est ironique comme deux trucs, à la gravité opposée en tous points peut vous foutre par terre. Il n’a pas grande répartie, et pas d’avantage d’empathie, de faux claquements de joue, qui ressemblent à du bonheur voilà tout. Ses cheveux bouclés sont sur sa tête, aussi bien qu’il y a trois ans, il a des yeux globuleux, clairs et rouges à présent, des mains plantées sur ses genoux: il a senti qu’Anaïs était partie, elle s’était mise à parler de Josh, et c’était bien en un sens. Normal, rien de bizarre, pas de sentiments en trop et ils se regardent, ils se regardent longuement quand elle demande ce que c’est.

Hannah sauverait sa fierté, de parler à l’avance de son cadavre, de prévoir un futur avec son corps six pieds plus bas. Il espérait être franc pour une fois, être un vrai ami pour une fois, ne pas se ramasser avant d’avoir commencé à parler. Depuis ici, il restait Cliff et Anaïs, personne d’autre. Avant on bousculait un peu le cycle, on les faisait se voir et se rire au visage parce qu’ils étaient “potes”, ils étaient tellement “potes” que parfois il y avait de quoi avoir mal, il y avait de quoi se foutre en l’air, il y avait de quoi l’embrasser.

Mais il n’a rien dit, son silence essayait de dire, tu me fais confiance? Ses yeux le trahissent, ils se fatiguent un peu, ils se baissent un peu. Cliff aime sa voix, ils restent comme ça, ils restent près, sans rien ajouter, parce qu’il est doué pour tout gâcher, et il voit cet espoir qui se lève en elle, de ne pas se laisser avoir par le passé, il sait. Il sait que ce n’est plus hier, il sait qu’ils n’ont plus droit de le faire, il sait que leurs bouches dans leurs nuques et leurs pupilles dilatées l’un pour l’autre et leurs joues abîmées de couleurs fades, et leurs ongles agressifs, et leurs souffles haletant, sont vraiment plus à leur place. Tu te souviens quand j’ai été malade et que t’as pas pu me voir du tout? Il se passe ça.
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost EmptyLun 31 Oct - 23:34


Hannah, c'est une fille sympa, au fond - qu'est ce qu'elle en sait, en fait, tout ce qu'elle connaît d'elle, c'est le nombre de minutes qu'il lui faut pour atteindre l'orgasme, et à quel point elle aime porter du prada. Non, c'est vrai, elle ne l'aime pas trop, Hannah, elle l'ennuie, Hannah, ça la dérangerait pas trop, qu'il ait rompu avec Hannah.

"Des filles comme elle, y'en a partout, t'inquiète pas."
"De toute manière elle baisait mal - tu sais c'est pas comme l'autre, là, c'est quoi son nom déjà. Rachel ! Rachel c'était un meilleur coup, en plus elle gueulait carrément moins."
"Eh, fais pas cette tête, j'l'ai enregistré ton épisode, si tu veux on peut le regarder ?"

"Cliff. Cliff, je suis là. Ça va aller."

Anaïs, elle est restée silencieuse, et puis, elle a fini par comprendre que c'est pas une rupture, qui lui durcit les traits du visage, qui a soufflé un peu de rouge sur ses joues et qui a fait claquer les veines autour de ses yeux. ... Quoi ? Et puis elle a senti quelque chose tirer dans sa poitrine, quand elle a voulu respirer mais qu'elle est restée là, sans rien dire, à essayer d'attraper un bout de Cliff dans son regard absent, pour qu'il lui dise que c'est rien, ça va aller. Mais c'est faux, n'est ce pas ?
Cliff, il a toujours eu la santé fragile, même gamin, il était souvent pris par la crève ou une autre connerie de ce genre, tellement qu'il finissait ses journées cloué à son pauvre matelas, sans qu'il puisse rien faire. Elle a jamais trop compris ce qui allait de travers, chez lui, parfois elle a même essayé de faire comme son frère et de se faufiler à l'intérieur de la maison des Sawyer, pour lui amener des chips et une canette de 7up, mais elle avait pas la dégaine de spiderman, et en général elle ne faisait que demander à Elizabeth de lui souhaiter un bon rétablissement de sa part, après lui avoir tendu la nourriture et s'être excusée cinq fois de suite de l'avoir dérangée.

Mais en fait, c'est pas la même chose, tout ça. Tu te souviens quand j'ai été malade et que t'as pas pu me voir du tout?
Ana, ah Ana, t'as encore le regard d'une enfant, qui pétille, qui vit, la bouille d'un gosse qui a grandi sans soupe, les doigts trop fragiles, qui reviennent s'agripper aux siens d'un mouvement irréfléchi, Comment ça ? Qu'est ce que tu veux dire ? ta voix, qui fait pas long feu, qui meurt sur le bout de tes lèvres roses avant que t'aies fini ta phrase. Voilà, Anaïs c'est juste une enfant, pas prête à prendre de grandes décisions, à voir sa vie changer du tout au tout sans qu'elle ait son mot à dire, elle est pas prête à faire face au monde un peu moins beau, un peu plus cruel, que celui qu'elle s'est imaginé, petite. Enfin, ça peut pas être un monde sans Cliff, pas vrai ? C'est très grave ?
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MessageSujet: Re: [CLIFFAÏS] My ghost   [CLIFFAÏS] My ghost Empty

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